Crise de la filière légumes Appel au calme après un accord entre gouvernement et légumiers bretons
Paris, 24 sept 2014 (AFP) - Le gouvernement a promis mercredi des aides dès la semaine prochaine aux légumiers bretons les plus en difficulté face à l'effondrement des prix, suscitant aussitôt un appel au calme lancé par les représentants des producteurs.
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« Dès la semaine prochaine ces exploitations seront aidées », « on mettra les moyens nécessaires pour régler les problèmes », a assuré Stéphane Le Foll à l'issue d'une réunion de plus d'un heure et demie avec des représentants des producteurs. Aucune « enveloppe prédéfinie » n'est dégagée, a-t-il toutefois indiqué.
Face à l'exaspération et à la colère qui monte dans les campagnes, les légumiers bretons, attendaient beaucoup de cette réunion au ministère. A sa sortie, leur représentant, Jean-François Jacob, patron de la Sica de Saint-Pol de Léon (premier groupement français de producteurs de légumes) a tout de suite donné le ton : « Nous avons des solutions, je suis rassuré » a-t-il confié en appelant ses troupes au calme. « Oui nous avons peur que ça s'embrase dans les campagnes, il y a de la détresse. Mais nous avons un dispositif pour les aides, il faut que tout le monde garde son calme », a-t-il ajouté dans un esprit d'apaisement. « Je suis confiant », « mais nous serons vigilants », a-t-il prévenu.
Dans le détail, les solutions mises sur la table par Stéphane Le Foll sont de trois niveaux. D'abord demander à la Commission européenne « d'étendre la liste des produits éligibles » aux aides de soutien face à l'embargo russe, afin d'intégrer les productions bretonnes comme chou-fleur, artichaut et brocoli qui en étaient exclus depuis le début. Cette proposition sera soumise lundi au conseil des ministres européens de l'Agriculture à Milan.
Il souhaite également des mesures de soutien au marché comme des retraits de marchandises ou la recherche de nouveaux clients pour désengorger le marché et juguler la chute des cours. Localement et « à court terme », les préfets de région devront évaluer la situation des exploitations « les plus en difficulté » afin de les aider « dès la semaine prochaine », sous forme de soutien à la trésorerie mais aussi prises en charge de cotisations sociales, remboursements et exonérations de taxe sur le foncier non bâti.
La colère, d'est en ouest
Enfin, le ministre a promis qu'à moyen-terme ses services se donneront « les moyens » de rendre les contrôles « à la fois efficaces et acceptables » alors que les agriculteurs se disent étranglés par les contraintes réglementaires et environnementales, source de friction et de tensions. Ce sont les légumiers bretons qui ont poussé le premier cri de colère avec l'incendie la semaine dernière du centre des impôts et de la mutualité agricole à Morlaix (Finistère). Mais depuis, les actions se multiplient, d'ouest en est dans le pays.
Stéphane Le Foll, qui réunit vendredi l'ensemble de la filière fruits et légumes, a d'ailleurs promis que les aides pourront bénéficier à d'autres productions et dans toutes les régions. Mardi une cinquantaine de producteurs ont déversé des tonnes de pommes de terre aux abords de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) « en soutien aux responsables » des coopératives en route pour Paris. En Lorraine, ce sont des exploitants qui ont allumé de dizaines de feux de paille symboliques pour attirer l'attention des pouvoirs publics. « Notre chiffre d'affaires, depuis plus d'un an, a baissé de 30 % à cause des conditions climatiques, de la consommation qui baisse, des charges qui augmentent et de l'embargo russe », a résumé Jean-Luc Moulin, trésorier de "Terres de Saint-Malo" une des coopératives (85 producteurs) représentée au ministère.
Les producteurs d'artichauts et de choux-fleurs se sentent lésés dans le dispositif d'aides européennes mis en place face à l'embargo russe, affirmant qu'il se résume à 23 centimes par exploitant. Face au feu qui couve, le syndicat majoritaire, la Fnsea, essaie de reprendre l'initiative : son président, Xavier Beulin, demande rendez-vous au Premier ministre Manuel Valls. « Le coup de colère d'agriculteurs du Finistère nous interroge tous », écrit Xavier Beulin qui évoque « l'exaspération qui grandit » dans une lettre à Manuel Valls que l'Afp a consultée. La fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (Fnsea) réunit en outre son réseau jeudi à Paris alors que ses branches départementales se montrent remuantes.
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